Bien manger pour mieux vieillir

dénutrition

Quels sont les 12 signes d’alerte de la dénutrition ?

télécharger en pdf (302 K0)   L’alimentation est un acte essentiel à la vie mais également à la survie ! Il s’agit d’une fonction vitale pour notre organisme. Elle pourrait se limiter à absorber le nécessaire en fonction d’un calcul de besoins énergétiques quotidiens : les ANC ou apports nutritionnels conseillés. Cependant, le comportement alimentaire ne se réduit pas à l’ingestion d’aliments pour assouvir un besoin. Il s’agit d’un mélange de relations complexes faisant intervenir émotions, plaisirs, motivations… Quelques signes permettent de déceler la dénutrition. Avec le vieillissement, de nombreux individus se retrouvent en état de dénutrition ce qui implique la dégradation progressive de leur état de santé. Cette dénutrition peut avoir pour cause : Une malnutrition d’apport : l’individu mange moins que ses besoins et perd lentement ses réserves nutritionnelles Une maladie : l’individu ne mange plus ou peu alors que ses besoins augmentent. La dénutrition est aujourd’hui un problème majeur de santé public et engendre des conséquences à la fois médicales, économiques et sociétales. 12 signes d’alertes publiés par l’INPES (Institut national de prévention pour la santé) permettent de déceler de manière précoce la dénutrition : Avoir des revenus insuffisants Etre atteint d’une perte d’autonomie physique ou psychique Etre en état de veuvage, de solitude ou dépressif Avoir des problèmes bucco-dentaires Suivre un régime restrictif Avoir des troubles de la déglutition Consommer seulement deux repas par jour Etre constipé Prendre plus de 3 médicaments par jour Avoir perdu 2 kg ou plus le dernier mois ou bien 4 kg dans les 6 derniers mois Avoir un taux d’albumine < 35 g/L et/ou de cholestérol < 1,6 g/L Etre atteint d’une quelconque maladie   Si vous êtes concernés par plusieurs de ces signes (au moins deux), il est nécessaire d’en parler à votre médecin afin d’entreprendre une évaluation complète de l’état nutritionnel. Attention, aucun de ces événements n’évoque à lui seul une dénutrition. Pour éviter une dégradation de l’état de santé et l’apparition de la dénutrition, il est nécessaire de suivre une alimentation saine et variée et surtout de couvrir au mieux ses besoins nutritionnels. Par ailleurs, si l’organisme s’affaiblit et que le poids diminue, le tissu musculaire est le premier à se réduire. Ainsi, il existe des solutions permettant d’éviter cette perte musculaire et notamment la complémentation de l’alimentation en certains acides aminés comme la citrulline (pour plus d’informations, cliquer ici). ——————————————————————————————————————————————————- Source : http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/959.pdf Source image : https://pixabay.com/fr/horizontale-apple-contr%C3%B4le-du-poids-1155878/ , mise à disposition selon les termes de la licence Pixabay.

Lutte contre la dénutrition en France: Un besoin sous-estimé

télécharger en pdf (231 K0)   En France, comment se fait-il qu’en 2016, il y ait encore 2 millions de personnes hospitalisées, enfants et adultes souffrant de dénutrition ?   La dénutrition est un état pathologique résultant d’apports nutritionnels insuffisants en regard des dépenses énergétiques de l’organisme. Elle se définit par un indice de masse corporelle (IMC) au dessous des courbes minimales présentes dans les carnets de santé, ou par une perte de poids involontaire de plus de 5% en un mois ou de plus de 10% en six mois. Cette maladie silencieuse n’est pourtant pas des moindres. En effet, la dénutrition entraîne des conséquences lourdes souvent sous-estimées : Elle altère différentes fonctions physiologiques (immunité, cicatrisation …) Favorise le développement des infections, Augmente la durée des hospitalisations, retarde la guérison, Induit une perte de masse, de force et de fonctions musculaires, avec une perte d’autonomie, de qualité de vie, l’isolement, Est la cause de nombreuses chutes chez les personnes âgées, Peut entraîner la mort (quand nous sommes malades, notre corps a besoin d’énergie, faute de quoi la maladie peut nous être fatale).   Malheureusement, en raison d’une prise de conscience casi-inexistante et de peu de moyens mobilisés, aucune démarche n’est actuellement établie pour pallier à ce problème, alors que notre savoir nous le permettrait.   Aujourd’hui, on estime qu’environ 20 à 40% des patients hospitalisés seraient dénutris, dont un enfant sur dix et une personne âgée sur deux. Non seulement ses chiffres ne diminuent pas depuis 30 ans, en raison d’efforts largement insuffisants, mais ils risquent d’augmenter, de par le vieillissement toujours plus important de la population.   C’est pourquoi, afin de sensibiliser la population, les politiques, et avant tout les professionnels du domaine médical, le Collectif de lutte contre la dénutrition a été créé en début d’année par le président de la Société Francophone de Nutrition Clinique et Métabolisme (SFNEP), Pr Eric Fontaine. Ce collectif rassemble divers acteurs de la société (des associations de patients, des aidants, des établissements de santé, des professionnels de santé, sociologues, économistes, politiques …) et a pour mission de proposer des solutions permettant de lutter contre ce fléau qu’est la dénutrition en France.   Pour concrétiser cette sensibilisation, le collectif a établi un Manifeste de lutte contre la dénutrition, une pétition qui va permettre de rependre l’information et donner la possibilité à chacun de s’engager, en participant à la mise en place de plusieurs démarches comme : Faire de la dénutrition la Grande Cause nationale du prochain quinquennat. Lancer un Plan de lutte contre la dénutrition 2018-2021 Se fixer pour objectif Zéro personne âgée tuée par la dénutrition Nourrir correctement 100 % des patients malades Peser 100 % des patients dénutris de l’hôpital jusqu’à leur domicile Imposer la présence d’un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d’hôpital Doter les établissements de soins d’un référent dénutrition Créer un Comité national de vigilance chez l’enfant permettant un meilleur accompagnement vers la guérison Former les futurs médecins, le personnel médical et soignant, les professionnels de santé ainsi que les malades, leurs proches et les aidants au risque nutritionnel Prendre soin de chacun en valorisant le goût et le plaisir de manger Source:Signez pour lutter contre la dénutrition en France. Image : « dishes-938747_640 » mise à disposition selon les termes de la licence Pixabay.

« Maigrir c’est mourir »

télécharger en pdf (328 K0) Le 16 janvier dernier, le professeur et chercheur Éric Fontaine (Inserm Université Joseph-Fourier Grenoble et unité de nutrition artificielle du CHU de Grenoble) a choisi un slogan volontairement approximatif et provocateur pour sa lettre de président de la société française de nutrition clinique et métabolisme : « maigrir, c’est mourir ». Ce « cri du coeur » a pour but d’alerter les professionnels de santé non nutritionnistes et les pouvoirs publics sur la nécessité de (enfin) prendre en charge efficacement la dénutrition. La dénutrition est une pathologie touchant 5 à 10% de la population en Europe, les personnes âgées étant une des populations les plus vulnérables [2]. Ainsi, la dénutrition est présente chez environ 30% des personnes âgées institutionnalisées et atteint jusqu’à 60% des seniors hospitalisés ! Et comme l’indique le Dr Eric Fontaine, c’est dans ce contexte de nutrition clinique que l’affirmation « maigrir c’est mourir » se révèle bien trop souvent vraie, dans l’indifférence des non nutritionnistes, des pouvoirs publics, mais pas des patients et de leurs familles qui se sentent, eux, très concernés. D’ailleurs la question est posée : « Combien de patients, dans leur parcours de soin, auront la chance de rencontrer un nutritionniste avant qu’il ne soit trop tard ? » En effet la dénutrition est généralement la première complication chez un patient hospitalisé et les conséquences de cette pathologies sont multiples : impact sur la rapidité de cicatrisation, la tolérance des médicaments et leur pharmacocinétique, les défenses immunitaires et le risque de survenue de complications infectieuses nosocomiales, voire la mortalité… De plus, chez les personnes âgées, la dénutrition est associée à une perte de masse musculaire conduisant rapidement à une dépendance pour les gestes de la vie quotidienne, et une perte d’autonomie et de qualité de vie [2]. Pourtant les solutions techniques pour traiter la dénutrition existent, elles sont efficaces et source d’économie. Mais elles sont aussi plus invasives qu’un antalgique (antidouleur) par exemple, et donc moins faciles à accepter par les patients et leurs familles. Il est donc important d’expliquer que la nutrition artificielle permet de nourrir un patient qui n’a plus d’appétit et de convaincre de son efficacité dans la stratégie globale de la prise en charge. Ensuite le Dr Éric Fontaine appelle à la revendication par les familles de patients, et les patients eux-mêmes, auprès des pouvoirs publics, d’une prise en charge nutritionnelle. « Comme en son temps la prise en charge de la douleur fut une revendication des malades, […] c’est aux patients et à leurs familles de revendiquer auprès des pouvoirs publics une prise en charge nutritionnelle de tous les malades ». Il appelle aussi à la communication des associations de malades « Il n’existe pas d’association de malades dénutris. C’est bien dommage car les associations de malades bénéficient souvent d’une écoute attentive de la part des pouvoirs publics […] le but étant d’augmenter les chances pour un patient dénutri de rencontrer un nutritionniste avant qu’il ne soit trop tard».   Sources : [1] Éric Fontaine, La lettre du président : maigrir, c’est mourir – Nutrition clinique et métabolisme 29 (2015) 1. [2] Brochure dénutrition – Ministère de la santé.

Chez les personnes âgées de plus de 65 ans, la dénutrition est un facteur prédictif de mortalité

télécharger en pdf (328 K0) Des chercheurs suédois de l’université d’Uppsala, ont analysé l’état nutritionnel et les facteurs de risque liés à la dénutrition de 1767 personnes âgées de plus de 65 ans, avec un suivi de 35 à 50 mois. Ils ont ensuite comparé ces résultats avec des données de référence collectées entre Mars 2008 et Mai 2009. Les données des facteurs de risque comprenaient les caractéristiques cliniques suivantes : • le sexe • l’IMC • le tabagisme (fumeur ou non fumeur) • la consommation de médicaments et les problèmes de santé (recueillis à partir des dossiers médicaux) • la durée du jeûne nocturne (durée entre le dernier repas de la soirée et le petit déjeuner de la matinée) • le nombre et la quantité de repas (enregistré en fonction du lieu de la prise du repas; à domicile, au restaurant, à la maison de retraite…) • les conditions de vie (vivant seul, en concubinage, dans une maison de retraite…) Les auteurs ont examiné si l’état nutritionnel était un facteur prédictif indépendant de mortalité chez les personnes âgées. Cet état a été défini selon le MNA (Mini Nutritional Assessment), un questionnaire simple qui permet d’évaluer l’état nutritionnel des personnes âgées, à domicile ou en établissement. Selon cet outil, 35,5% des participants étaient bien nourris, 55,1% étaient à risque de dénutrition et 9,4% souffraient de dénutrition dès le début de l’étude. Pendant la période de suivi, 37,1% des participants sont décédés. Concernant le taux de survie, 75,2% des personnes âgées bien nourries ont survécu, contre 60% de celles qui étaient à risque de dénutrition au début de l’étude et 33,7% de celles qui étaient dénutries. Après ajustement sur les facteurs confondants détaillés ci-dessus, les auteurs ont ensuite déterminé les rapports de risque de mortalité pour les individus à risque et souffrant de dénutrition. Les résultats montrent que chez les individus à risque de dénutrition, le risque de mortalité était 1,56 fois plus élevé que chez les individus bien nourris. Concernant les individus souffrant de dénutrition, leur risque de mortalité était 3,71 fois plus important que celui des individus bien nourris. Les auteurs concluent que pour les personnes âgées de plus de 65 ans, la dénutrition est un facteur indépendant prédictif de mortalité. Source: Söderström L, Rosenblad A, Adolfsson ET, Saletti A, Bergkvist L. Nutritional status predicts preterm death in older people: a prospective cohort study. Clin Nutr. 2014 Apr;33(2):354-9.

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